vendredi 28 mars 2014

14 Janvier - Frontière Chili-Argentine à pied

On se lève sous la pluie pour marcher jusqu'à la route, à 2h environ. 



Tout va bien, on fait encore quelques cours de français, et à un moment, moi et ma stupidité on décide de demander à Pete pourquoi il aime pas les raviolis, décidement.
Et la bombe est lancée. J'aurai du me taire. Tu me diras, au moins ça aura crevé un abcès.
On s'énerve comme jamais on s'est enervés. Je passe une heure seule, bien loin derrière lui, à penser à tout ça, à l'amour, à nos disputes, au fait que ça va peut-être finir bientôt et que merde, il reste encore deux mois de voyage. Ca me déprime plus que jamais (en tout cas plus que toutes les petites déprimes que j'ai eu durant ce voyage).
A ce moment là je rêve juste de tomber dans un trou et d'atterir au pays d'Alice ou à Narnia, loin de toutes ces complications bassement humaines.
 Oui, c'est stupide, mais que voulez-vous, mes expériences passées m'ont rendu paranoïaque, très peu confiante en moi-même et très pessimiste.

(si vous arrivez pas être ému pour moi et que vous me trouvez stupide, alors écoutez-ça en fond sonore ça vous mettre dans le mood bande d'insensibles)

Quand on se met à faire du stop, c'est évidemment très froid entre nous deux mais on est sauvés  pris rapidement.
Je me dis que ça ne peut que s'améliorer, puisqu'on parle avec les deux argentins qui nous ont pris, mais  pas du tout. On a eu en tout cas de la chance de les rencontrer, puisque que cette route, qu'on pensait faire en 3h maximum, nous aurait réellement pris 7h.

On commence le trekking jusqu'à la frontière, un trekking de 4 heures si je ne m'abuse, dans le froid, et sous le ciel gris et la pluie. C'est joyeux quoi.

J'écoute de la musique pour me motiver, et je découvre Ada des National que j'écoute en boucle parce qu'elle est vraiment belle.  Puis Sugar Town de Zooey Deschanel parce que je me dis qu'elle va peut-être me remonter le moral. Je déprime de plus belle, Peter à vraiment de l'avance, il m'attends juste de temps en temps pour m'aider à traverser des rivières, sans prononcer un mot. Ca sent la fin tout ça.


Le soir, on arrive à la frontière, où il n'y a personne, et où on peut camper dans les bois. Il fait super froid.
J'essaie de faire des efforts, je force la discussion, parce que ça peut plus continuer comme ça.
On parle pendant une heure pour rien, il me fait comprendre qu'il n'est plus connecté à moi depuis quelques temps, ce que je prends comme un signal de rupture imminente (paranoïaque que je suis, je vous dis).

Du coup je passe une nuit horrible. J'ai froid, j'ai une énorme boule dans le ventre, je n'arrive pas à dormir en m'imaginant que je vais peut-être devoir continuer le voyage toute seule, l'horreur. Le genre de nuit que tu vis juste après une rupture.

Ce qui est assez intéressant d'un point de vue psychologique, c'est que maintenant, avec du recul, c'est de ces jours d'angoisse et de déprime dont je me rappelle le mieux (pas étonnant), et dont j'ai les souvenirs les plus forts, dans le sens positif du terme (étonnant, non?).
Disons que maintenant, dès que j'écoute la chanson Ada, je me projette directement dans le voyage, ça me rend très nostalgique, et je réalise à quel point ce  voyage était la meilleure expérience de ma vie, alors que c'était le moment le plus dur pour moi.

Etrange.

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